Un
billet avait déjà était consacré à ce moyen de communication
il y a de cela un an. Sachez d'ores et déjà qu'il y en aura deux
autres, écrits et postés dans un futur indéterminé.
On ne parlera pas ici des conférences
et autres débats filmés, ça on en a plein : du Lordon, du
Franck Lepage, du Friot, des rédacteurs du Monde Diplo, du
Chouard (non pas Chouard je déconne) etc... Les conférences on sait
faire. Ce qui manque, c'est ce chainon entre le vide sédatif de
Norman fait des vidéos et
le plein universitaire des auteurs cités plus haut. Ce qu'il nous
faut à nous gauchistes, c'est ce format de vidéo scénarisée, que
l'on présentait dans le billet précédent, d'une à vingt
minutes, qu'on ouvre d'un clic de souris parce qu'on a pas envie
d'entreprendre quelque chose de plus exigeant intellectuellement mais
qui nous donnera envie d'aller plus loin dans la critique sociale.
Il s'agit de répertorier ce qui existe
comme éléments à gauche, disponible sur les réseaux sociaux. Face
aux hordes de vidéos d'extrême-droites mais surtout aux raz de
marée des vidéos dépolitisées et abêtissantes qui n'en sont pas
moins néfastes, y a-t-il une réponse intelligente et attrayante à
gauche ?
Mooouuais serait une réponse
orale adaptée à cette interrogation. De courageux et intrépides
youtubeurs résistent encore et toujours au matraquage
infra-politique. Faut juste réussir à les trouver. On peut se dire
que c'est comme les coins à champignons, on sait que ça existe mais
quand on est pas initié on trouvera jamais. Sauf que contrairement
aux champignons, partager ses connaissances sur les vidéos
militantes de gauche ne nous dépossède pas. Fin de la métaphore
mycologique.
En clair, si l'info n'est pas virale,
peu de chance de tomber sur une série politique, sympa et engagée à
gauche. Il s'agirait pour ceux et celles motivés à se lancer dans
cette aventure, de s'interroger sur le référencement, il y a un
gros boulot à faire là-dessus.
Toujours est-il que voici une brève
liste de ce que l'on m'a conseillé et que je conseille à mon tour :
Commençons par Monsieur LaVeritay.
Un canapé, un plan fixe et une durée suffisamment courte pour que
ce format ne deviennent pas lassant. Putain c'est pas compliqué,
pourquoi n'y a t-il pas deux mille Monsieur LaVeritay ?
LaVeritay présente un point d'actu politique ou sociale entre trois
et cinq minutes, c'est l'outil idéal à utiliser dans le fil d'une
discussion sur Facebook. Simple et efficace.
Nous avons ensuite le Stagirite.
Là où LaVeritay réagit opportunément, le Stagirite commence à
creuser un peu. Il a travaillé son personnage, son texte et son
décor.
Citons les copains de Désinvox,
une bande de potes du centre de la France qui se sont sortis les
doigts du fondement pour produire des vidéos spécialisées dans le
démontage du discours du Front National. L'architecture de
l'émission s'affine à chaque épisode, c'est encourageant, grâce
leur soit rendue.
Il est un peu tôt pour dire que la
web-série suivante est ma préférée car il n'y a qu'un épisode
mais c'est celle qui promet le plus. Je veux parler de la Tronche
en Biais. Vled et Acermendax nous y parle d'esprit critique, de
scepticisme et de zététique. C'est intelligent, c'est agréable à
suivre et c'est pas du boulot bâclé, bien au contraire. La Tronche
en Biais s'est doté d'un putain de générique et dispose d'un très
bon caméraman (d'après un pote caméraman à moi). Moins de deux
milles vues au moment de la rédaction de ce billet, c'est complément
injuste, faites de la pub pour cette vidéo !
Enfin un vieux de la vieille et on
rejoint du travail professionnel. Usul a délaissé les chroniques de
jeux vidéos qui étaient pourtant déjà d'une grande qualité et
d'une grande érudition. Il dresse des portraits de Mes Chers
Contemporains. Besancenot, BHL,
Chouard et Lordon sont présentés et finement critiqués par un
ancien compagnon de route de la LCR. C'est pointu, c'est critique et
il y énormément d'info à la minute.
Les
vidéos que l'on vient de mentionner sont des initiatives
individuelles. Imaginez le potentiel si une organisation politique
investissait sérieusement dans ce média, en faisant confiance à
ses militants motivés, en y mettant quelques moyens financiers (en
rognant un peu sur le budget tracts/affiches/journaux pas lus) et en
faisant fonctionner ses réseaux. Si vous n'arrivez pas à le
concevoir, regardez ce qui se fait de l'autre côté des Pyrénées.
Podemos a investi dans la communication télévisuelle et ça marche.
L'émission la Tuerka
est une satire des journaux télé, présentée par un duo comique
efficace: le sérieux à cravate et le petit gros rigolo. Après 150
programmes, elle dépasse ses rivales d'extrême-droite. Outre un ton
ironique, jeune et impertinent, l'émission doit son succès à une
coordination efficace entre différents réseaux : la Turka est
hébergée sur le site d'un quotidien de gauche, les comptes Facebook
(800 000 visiteurs) et Twiter (400 000 followers) de Podemos se
chargent de la diffusion virale.
La
qualité est là, il ne manque plus que la quantité. Si on regarde
le nombre d'émissions produites, on s'aperçoit que ce sont toutes
des initiatives récentes. On peut donc espérer pour 2015 un effet
d'émulation. Je sais d'ailleurs de sources sûres que d'autres
équipes se préparent. Restons ainsi sur cette note positive pour
cette fin d'année.
Ça va
chier !