jeudi 27 octobre 2011

Victor Serge aurait-il pu être anarcho-droitier ?

La réponse est : on s'en fout. Ce n'est vraiment pas le genre de la maison de réécrire l'Histoire ou de faire parler les morts. Ce titre était juste là pour attirer le chaland (certains anarcho-droitiers sont d'anciens commerciaux, ceci expliquant peut-être cela.)

Ceci étant dit, Victor Serge est un personnage dont nous vous recommandons de faire la connaissance, qui que vous soyez. Né en Belgique en 1890 de parents russes exilés, Victor Serge est d'abord anarchiste, s'installe à Paris, fréquente la Bande à Bonnot et participe à l'insurrection de Barcelone, en 1917 .

Survient alors la Révolution russe de 1917. Victor Serge passe au bolchévisme et rallie Moscou où il devient un cadre de la jeune IIIème Internationale. Il assurera diverses missions à l'étranger, notamment à Berlin lors de l’insurrection de l'extrême-gauche allemande.

Mais peu à peu, les conflits politiques à Moscou portent au pouvoir Staline et une bureaucratie qui cherche à clôturer les aventures révolutionnaires. Victor Serge rejoint alors l'opposition de gauche au stalinisme, dont les membres se nomment eux-mêmes les bolchéviques-révolutionnaires ou les bolchéviques-léninistes. Celle-ci est d'abord composée de nombreux militants russes ou internationaux aux CV prestigieux :anciens clandestins ou déportés sous le tsarisme, anciens chefs révolutionnaires de 17... Mais assez vite, les exécutions, exils, assassinats et déportations, mais également les revirements ne laissent qu'une seule figure d'opposant visible, et des plus difficiles à éliminer, vu sa popularité : Trotsky.

Après quelques années de réclusion dans l'Oural, Victor Serge réussit enfin à quitter l'URSS et rejoint les opposants en exil que l'on commence déjà à appeler les trotskistes. Mais pour un temps seulement, et c'est là que ça nous intéresse. Car en effet, Victor Serge remarque rapidement que ces hommes et femmes, traqués par le Guépéou, ayant souffert de la répression stalinienne, perdu des amis ou des membres de leur famille, ces militants plutôt sérieux, donc, se mettent peu à peu à singer leurs bourreaux. A leur petite échelle, ils commencent à traquer les ''déviants'' à la ''ligne officielle'' du trotskisme (tous ceux qui osent émettre quelque critique que ce soit sur les opinions du barbichu à lunettes, en gros), ils jugent et ils excluent. Un culte de la personnalité commence doucement à se mettre en place à l'égard de Trotsky, avec des militants qui parlent de ''leur glorieux et éternel leader''. Pour ces raisons, ainsi que pour d'autres causes idéologiques plus profondes, Victor Serge rompt avec Trotsky. Il suivra pourtant le même exil et finira lui aussi au Mexique, où il meurt d'une crise cardiaque en 1947.

Cette histoire est racontée par Victor Serge dans son autobiographie : Mémoires d'un révolutionnaire que l'on vous recommande chaudement et que vous allez commander dès maintenant à la librairie La Brèche en cliquant ici (n'oubliez pas de vous munir de votre carte bleue). Il est difficile de faire rentrer Victor Serge dans des cases, et c'est ça qui nous plaît. Il aura été anarcho-bolcho-trotsko-antitrotskiste, ce qui est plutôt pas mal, pour un seul individu. Ainsi son récit de la révolution russe et de la contre-révolution stalinienne n'entre ni dans l'histoire communiste officielle telle que pouvaient la raconter les grands-parents PCF, ni dans le sempiternel réquisitoire anarchiste (Makhnovchina, Kronstadt, rouges=méchants, Trotsky=Lex Luthor) et pas non plus dans la vulgate trotskiste (exil, héroïsme, seul révolutionnaire contre un monde de bureaucrates, Trotsky=Superman). Ce qui fait de Victor Serge un personnage des plus intéressants, et de son autobiographie une base documentaire tout à fait utile.

Nous ne saurons jamais si Victor Serge aurait apprécié notre petit blog, puisqu'il est mort sans connaître ni l'ADSL, ni le NPA, pauvre de lui. Mais peut-être, quelque part, les anarcho-droitiers sont-ils un peu un genre de ''victorsergistes'', inclassables, et c'est tant mieux.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour à vous.
En tant que représentant de l'Organisation Communiste Marxiste Léniniste - Victor Serge ( OCML-VS a ne pas confondre avec l'OCML-VP qui est une vulgaire secte stalinienne et maoiste) je tiens a vous dire que Victor Serge n'aurait jamais pu être anarcho-droitier.
Il aurait en effet était le glorieux dirigeant de l'OCML-VS et n'aurait jamais militer au NPA un parti de renégat trostkyste ni dans aucune autre organisation existente d'ailleurs a part la sienne, seule véritable tenante de la révolution et anti-déviasionniste.

Avec Comme Bande Original a dit…

Ho tiens, pas mal ca dites!
Ca fais envie.
Mais je suis pauvre et de gauche, alors je tenterais de jouer les vilain pirates partageux si c'est possible.

Bon mais sinon votre truc a la fin m'a furieusement prit par un image et l'histoire a déffilé d'un seul coup, tout sec, un film génial pourrait etre fait là dessus tiens, Victor Serge aujourd'hui.

Alors j'ai pas de titre claquant, pas encore en tout cas, mais ca serait bien rigolo, oui, pour ca au moins hein, puisque comme vous dites, faire parler les morts, bof…

Ca pourrait entre autre etre une magnifique tournure pour critiquer l'aujourd'hui de facon cool, drole, fun et sexy, oh yeah.

Now tu peux cliquer et kiffdoter le 1er titre de la B.O dès a présent.

Tietie007 a dit…

OCML-VS ? C'est quoi encore ce mouvement ?