vendredi 25 mai 2012

A propos du syndicalisme étudiant


Il fut un temps où nous n'étions pas anarcho-droitier. Nous avons même eu, nous pouvons maintenant l'avouer, notre propre période curé rouge. C'était il y a longtemps il y a prescription et nous nous sommes défroqués.

Il y a dix ans nous étions étudiants. Bon, on était plus souvent dans les couloirs que dans les salles de TD et on découvrait les amphi au moment des assemblées générales. Car oui, nous avions les cheveux plus longs et nous étions syndicalistes étudiants.

Ah! Le syndicalisme étudiant... (soupir)

C'est tout un poème raté qui parlerait d'une usine à gaz.

Tout le paysage politique est représenté en modèle réduit sur les campus : quelques fafs, plutôt discret excepté quelques fac; quelques étudiants de droite membres de l'UNI / MET, caricatures d'eux-mêmes; beaucoup d'étudiants et d'étudiantes membres d'associations plus ou moins droitières, plus ou moins fines et une galaxie d'étudiants de gôche.

Dans cette galaxie, il y a le poids lourd: l'UNEF. L'union nationale des étudiants de France. Organisation centenaire, dont soixante ans en tant que syndicat. Son histoire suit les méandres de l'histoire des partis de gauche. L'UNEF est allé de scission en contre-scission, de putsch en contre-putsch, d'UNEF Canal Historique en UNEF Véritable. Les étudiants du PCF, du PSU, de la LCR, de la SFIO et du PS s'y sont croisés, affrontés, alliés, trahis, réconciliés et retrahis. Au début des années 2000, l'UNEF-ID (tendance PS) s'est réunie avec l'UNEF-SE (tendance PCF), du moins avec la poignée de petits cadres fidèles à la ligne de Marie-George Buffet, c'est à dire peu de chose, un logo en somme.

Le reste s'éparpille dans une myriade de petites structures : SUD Étudiant, FSE, CNT, AGEN, FSEUL, Fac Verte, Coordination machin chose, Comité pour un vrai syndicat étudiant parce que les autres c'est des faux, étudiants basques, étudiants occitans, étudiants bretons, Organisation des étudiants inorganisés, etc, etc …

Remarquons aussi la Confédération Étudiante, qui après s'être atrophié l'amour propre, a eu l'audacieuse idée de devenir une CFDT étudiante. Il y a des jeunes qui savent nous faire rêver.

Pour revenir à l'UNEF, les combats de poussins parmi les cadres n'ont rien à envier aux compétitions de leurs ainés PS ou PCF. Beaucoup fantasment de brillants plans de carrière et se dépensent sans compter dans le syndicalisme, au détriment de leurs études, en espérant être remarqué. Ils expérimentent alors maladroitement pour la première fois l'adage '' la fin justifie les moyens''. Leur engagement oscille donc entre paillasson dévoué et apprenti mafieux. Mais il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. De toute façon, les futurs chefs de partis, les futurs ministres se recrutent dans les grandes écoles, pas à l'université publique. Eux seront au mieux assistants parlementaires, conseillers municipaux, secrétaires de fédération ou permanents de mutuelle étudiante.

A l'autre bout de la galaxie étudiante de gôche, les gauchistes restent fidèles à eux-mêmes. Aux appels à l'unité et à la création d'un grand syndicat étudiant de lutte, régulier comme les marronniers, répondent les scissions et les querelles de théoriciens en herbe. Ils compensent leur sous-effectifs par un activisme intense, et compromettent eux-aussi souvent leurs études. Le sectarisme le dispute parfois à la naïveté des premiers engagements politiques.

Repêché au fond de nos archives personnelles, voici ce que l'on écrivait il y a un peu moins de dix ans pour expliquer aux étudiants gnan-gnan ce qu'est un syndicat étudiant ( nous avons corrigé les fautes d'orthographes et nous vous avons épargné la mise en page d'autiste) :

[…] notre engagement vient principalement d’un ras-le-bol: ras-le-bol de voir nos potes salariés échouer à leurs examens, ras-le-bol de voir les prix du RU et des cités-U augmenter sans pouvoir protester, ras-le-bol de découvrir par hasard que des réformes se font à notre détriment sans qu’aucun étudiant ne soit au courant. Que fait-on alors pendant une année universitaire quand on est syndicaliste? Suivre d’abord nos cours, parce que nous sommes avant tout étudiants. Puis informer des réformes en cours et des décisions prises dans les conseils de l’université. Défendre les étudiants confrontés à des difficultés. Enfin nous organiser, c’est à dire créer des rapports de force entre les administrations ou le ministère, seul moyen efficace pour défendre nos intérêts collectifs et gagner de nouveaux droits

L'ensemble garde une certaine sincérité excepté, vous l'aurez compris le '' suivre d'abord nos cours '' qui est plus une méthode Coué que la réalité. C'était aussi une façon de rassurer l'étudiant lambda, qui bien que sympathisant de nos idées et de nos méthodes, n'osait jamais franchir le pas de peur de nous ressembler un jour. Pensez-y lecteurs et lectrices syndicalistes étudiants : pour recruter du monde il ne suffit pas d'avoir les meilleurs idées, il faut faire envie et rassurer le candidat.

Ce qui est encore excusable à la fac ne l'est plus quelques années plus tard.

table d'information syndicale, en fin de soirée vers 2003, archives personnelles

6 commentaires:

Anonyme a dit…

L'Unef est sans doute un peu surestimée, mais j'ai beau être un curé noir, définitivement, j'aime.
Le syndicalisme étudiant restera toujours un souvenir fort, un peu comme les années de séminaire pour un curé orthodoxe. C'est tellement vrai ces descriptions, il manque plus qu'un récit de blocage.

Guillaume anarcho-droitier a dit…

tiens oui ! pourquoi pas ?

Anonyme a dit…

Curés rouges, ne vous perdez pas dans des fausses chapelles voici votre Église !
Priez l'Église de la Très Sainte Consommation !
Tous ensemble reprenons en coeur : Travaille ! Obéis ! Consomme !

http://youtu.be/HE3MDSTaK2o

Kick It up! a dit…

Trubolol le table et l'alentour :D


Le pire quand même dans le syndicalisme étudiant c'est quand on a pas la chance d'y gouter...

Donc pas de fac et même lycée professionnel...

Quand même hein?

Cela dit ce qui est bien pendant les "études" c'est que tu vois déjà tout de la societé.
Très vite qui est ou peut etre , résistant, rebelle, en vrai, larbin, collabo...

Toussa.

Même a minima, ya toujours moyen de connaitre des situations plutot démonstrative.

Anonyme a dit…

Juste pour faire chier je vous dirais je vous emmerde...

SE oui FSE encore plus, syndicat étudiant a une particularité, être très fortement politisé... faire la comparaison entre la FSE et la CNT c'est pas bien piger le système car sans balancer la CNT elle n'existe pas

Romain (Courant Anarcho-Droitier) a dit…

Sans vouloir jouer les anciens combattants, je pense que Guillaume ou moi avons grenouillé suffisamment de temps dans le microcosme pour "piger le système"...

Soit dit en passant, la comparaison entre la CNT et la FSE, tout le monde s'en contrefout, et c'est pas l'objet de l'article.