mercredi 30 mai 2012

Voyage d'exploration à Presles


ou comment j'ai (discrètement) picolé à la fête de Lutte Ouvrière

L'article sur la bibliothèque de LO a fait surgir une idée saugrenue dans mon petit cerveau de schizophrène rigolo : ''et si j'allais à la fête de LO qui justement, oh hasard facétieux, se tient ce week-end ?''

Et c'est ce que j'ai fait. Pour la première fois. Je suis plus habitué à la Fête de l'Huma dont les trois dernières fois j'ai dû me jurer que c'était la dernière fois que je m'y rendais. Mais j'y retournerai sans doute. C'est donc avec un œil d'anthropologue et un œil d'anarcho-droitier que j'ai arpenté les allées de la fête.

La première chose qui marque lorsque l'on arrive sur le site c'est la verdure. Les stands sont installés dans le parc autour du château de Presles, propriété du parti trotskyste. Lors d'un week-end ensoleillé comme ce fut le cas durant cette session, le cadre est très agréable et apaisant. L'extrême propreté des lieux retient ensuite l'attention. Des militants circulent constamment pour faire disparaître les rares déchets abandonnés, si bien que l'on n'ose pas jeter un seul mégot (et ce n'est pas plus mal).

Le programme de la fête laisse une place très importante à la culture et à la science. Cinq librairies sont abondamment fournies par genre ou thème : romans, documents, témoignages, histoire du mouvement ouvrier, ouvrages de vulgarisation scientifique, livres d'occasion... Des écrivains viennent parler de leurs livres. Cette année on pouvait croiser Didier Daeninckx, Jean-Luc Einaudi, Jean-Jacques Marie, Serge Halimi...

Une cité des sciences propose un programme de mini-conférences tenues par des militants ou par des chercheurs invités : biologistes, généticiens, physiciens, chirurgiens, historiens des sciences, astrophysiciens... Les thèmes sont variés et présentés souvent avec humour, voici quelques titres pour vous donner une idée : crème ou mousse au chocolat, mais pourquoi c'est bon ? Quand les baleines avaient des pattes ; les mathématiques contre le paranormal; les neurones de la lecture; faire le point en mer, de la navigation à vue au GPS...

Comment des militants si humanistes dans leur activités extra-politiques peuvent-ils être si obtus dès qu'ils parlent politique ? La réalité de LO s'est rappelée à moi lors de l'allocution de Nathalie Arthaud ou lors des débats organisés dans la fête. En gros, comme depuis quarante ans, point de salut en dehors du marxiste-léninisme le plus chimiquement pur, seul un parti communiste révolutionnaire de masse nous sauvera du capitalisme mais hélas les conditions ne sont pas encore réunies pour le créer.

A noter le débat LO/NPA dont le thème était ''quelle politique face à la situation crée par les élections ?'' En fait de débat c'est une battle entre les deux formations pour savoir qui a la plus grosse dialectique. Un membre de la majo du NPA, postier mais pas ex-porte parole, s'est fait donner une leçon de catéchisme marxiste par les profs de LO. Aucun intérêt si ce n'est voir un curé rouge se faire moucher par plus curé que lui.

Sinon le public de la fête est pour le plus grand nombre prolo, avec beaucoup de familles, d'enfants et d'ados. Et il est ici temps de rétablir une vérité : on peut boire de l'alcool à la fête de LO ! Et pas seulement en commandant un repas. On trouve, suivant les stands, bières, vodka, margarita et même champagne. Alors forcément j'ai bu plus que j'aurais dû, juste histoire de dire que je me suis dépravé dans le bastion de la morale prolétarienne mais … avec la Kronenbourg, passé 17 ans, on a plus vite mal au ventre qu'à la tête.

Bref, dans le cadre d'une fête militante de gauche, si vous voulez vous déchirer la gueule et dormir par terre, allez à la fête de l'Huma, si vous voulez passer un week-end en famille allez à la fête de LO. 

Fête de l'Huma 2007



Fête de LO 2012


vendredi 25 mai 2012

A propos du syndicalisme étudiant


Il fut un temps où nous n'étions pas anarcho-droitier. Nous avons même eu, nous pouvons maintenant l'avouer, notre propre période curé rouge. C'était il y a longtemps il y a prescription et nous nous sommes défroqués.

Il y a dix ans nous étions étudiants. Bon, on était plus souvent dans les couloirs que dans les salles de TD et on découvrait les amphi au moment des assemblées générales. Car oui, nous avions les cheveux plus longs et nous étions syndicalistes étudiants.

Ah! Le syndicalisme étudiant... (soupir)

C'est tout un poème raté qui parlerait d'une usine à gaz.

Tout le paysage politique est représenté en modèle réduit sur les campus : quelques fafs, plutôt discret excepté quelques fac; quelques étudiants de droite membres de l'UNI / MET, caricatures d'eux-mêmes; beaucoup d'étudiants et d'étudiantes membres d'associations plus ou moins droitières, plus ou moins fines et une galaxie d'étudiants de gôche.

Dans cette galaxie, il y a le poids lourd: l'UNEF. L'union nationale des étudiants de France. Organisation centenaire, dont soixante ans en tant que syndicat. Son histoire suit les méandres de l'histoire des partis de gauche. L'UNEF est allé de scission en contre-scission, de putsch en contre-putsch, d'UNEF Canal Historique en UNEF Véritable. Les étudiants du PCF, du PSU, de la LCR, de la SFIO et du PS s'y sont croisés, affrontés, alliés, trahis, réconciliés et retrahis. Au début des années 2000, l'UNEF-ID (tendance PS) s'est réunie avec l'UNEF-SE (tendance PCF), du moins avec la poignée de petits cadres fidèles à la ligne de Marie-George Buffet, c'est à dire peu de chose, un logo en somme.

Le reste s'éparpille dans une myriade de petites structures : SUD Étudiant, FSE, CNT, AGEN, FSEUL, Fac Verte, Coordination machin chose, Comité pour un vrai syndicat étudiant parce que les autres c'est des faux, étudiants basques, étudiants occitans, étudiants bretons, Organisation des étudiants inorganisés, etc, etc …

Remarquons aussi la Confédération Étudiante, qui après s'être atrophié l'amour propre, a eu l'audacieuse idée de devenir une CFDT étudiante. Il y a des jeunes qui savent nous faire rêver.

Pour revenir à l'UNEF, les combats de poussins parmi les cadres n'ont rien à envier aux compétitions de leurs ainés PS ou PCF. Beaucoup fantasment de brillants plans de carrière et se dépensent sans compter dans le syndicalisme, au détriment de leurs études, en espérant être remarqué. Ils expérimentent alors maladroitement pour la première fois l'adage '' la fin justifie les moyens''. Leur engagement oscille donc entre paillasson dévoué et apprenti mafieux. Mais il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. De toute façon, les futurs chefs de partis, les futurs ministres se recrutent dans les grandes écoles, pas à l'université publique. Eux seront au mieux assistants parlementaires, conseillers municipaux, secrétaires de fédération ou permanents de mutuelle étudiante.

A l'autre bout de la galaxie étudiante de gôche, les gauchistes restent fidèles à eux-mêmes. Aux appels à l'unité et à la création d'un grand syndicat étudiant de lutte, régulier comme les marronniers, répondent les scissions et les querelles de théoriciens en herbe. Ils compensent leur sous-effectifs par un activisme intense, et compromettent eux-aussi souvent leurs études. Le sectarisme le dispute parfois à la naïveté des premiers engagements politiques.

Repêché au fond de nos archives personnelles, voici ce que l'on écrivait il y a un peu moins de dix ans pour expliquer aux étudiants gnan-gnan ce qu'est un syndicat étudiant ( nous avons corrigé les fautes d'orthographes et nous vous avons épargné la mise en page d'autiste) :

[…] notre engagement vient principalement d’un ras-le-bol: ras-le-bol de voir nos potes salariés échouer à leurs examens, ras-le-bol de voir les prix du RU et des cités-U augmenter sans pouvoir protester, ras-le-bol de découvrir par hasard que des réformes se font à notre détriment sans qu’aucun étudiant ne soit au courant. Que fait-on alors pendant une année universitaire quand on est syndicaliste? Suivre d’abord nos cours, parce que nous sommes avant tout étudiants. Puis informer des réformes en cours et des décisions prises dans les conseils de l’université. Défendre les étudiants confrontés à des difficultés. Enfin nous organiser, c’est à dire créer des rapports de force entre les administrations ou le ministère, seul moyen efficace pour défendre nos intérêts collectifs et gagner de nouveaux droits

L'ensemble garde une certaine sincérité excepté, vous l'aurez compris le '' suivre d'abord nos cours '' qui est plus une méthode Coué que la réalité. C'était aussi une façon de rassurer l'étudiant lambda, qui bien que sympathisant de nos idées et de nos méthodes, n'osait jamais franchir le pas de peur de nous ressembler un jour. Pensez-y lecteurs et lectrices syndicalistes étudiants : pour recruter du monde il ne suffit pas d'avoir les meilleurs idées, il faut faire envie et rassurer le candidat.

Ce qui est encore excusable à la fac ne l'est plus quelques années plus tard.

table d'information syndicale, en fin de soirée vers 2003, archives personnelles

mercredi 23 mai 2012

La séance ciné du Fight Club


L'autre jour donc, on vous racontait comment Lutte Ouvrière formait en partie ses militants grâce aux romans. C'est une putain de bonne idée. Mais pourquoi ne pas faire la même chose avec le cinéma ? Le principe reste le même : découvrir des grands thèmes politiques et des évènements historiques de références pour le mouvement ouvrier tout en passant un agréable moment. Ces premières découvertes faciliteront ensuite l'approche de documents plus étoffés. Ils seront également plus aisés à citer en exemple auprès du grand public : on connait plus facilement Les Misérables de Victor Hugo (même quand on ne l'a pas lu) que Matérialisme et Empiriocriticisme de Lénine.

Nous allons reprendre la liste de thèmes cités lors du précédent billet et nous vous en proposons des équivalents cinématographiques :

sur la lutte des classes et la classe ouvrière vous pouvez regardez Violence des échanges en milieu tempéré et Ressources humaines, les deux films se passent dans des usines soumises à restructuration, à chaque fois un jeune cadre débutant est confronté à des choix sociaux, l'un trahira, l'autre non;

pour connaître la mentalité de la bourgeoisie contemporaine, autant voir les derniers films de Claude Chabrol, La fille coupée en deux ou La fleur du Mal;

sur la guerre de 14-18, Les sentiers de la gloire de Kubrick sont tout trouvés pour apprécier la mentalité des officiers aristocrates et des soldats prolos;

à propos du stalinisme, L'aveu de Costa-Gavras est incontournable, Yves Montant y joue le rôle d'Arthur London, auteur du livre éponyme, un des rares survivant des purges en Tchécoslovaquie en 1951;

sur la guerre d'Espagne Land and Freedom de Ken Loach est très pédagogique (peut-être même un peu trop);

pour la Shoah, Nuits et brouillard d'Alain Resnais est bien sûr une étape clé dans la compréhension du phénomène spécifique de l'extermination des juifs par les nazis; on peut voir aussi Le Pianiste de Polanski ou Amen de Costa-Gavras;

un seul film à voir et revoir pour saisir ce qu'était la résistance pendant la seconde guerre mondiale, L'armée des ombres de Jean-Pierre Melville;

contrairement à une légende tenace, il existe beaucoup de films traitant de la guerre d'Algérie, y compris des films français; on regardera La bataille d'Alger de l'italien Pontecorvo, Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier ou plus près de nous L'ennemi intime réalisé par Florent Emilio Siri, film de guerre bien travaillé;

la guerre américaine au Vietnam a, elle, consommé énormément de bobines de films, nous avons choisi Full Metal Jacket de Kubrick, Platoon et Outrage de Brian de Palma; le premier retrace le lavage de cerveau fait aux soldats américains, les deux autres montrent la folie en retour d'ascenseur qui gagneront les GI's une fois là-bas;

pour la question des noirs aux États-Unis voir Malcolm X de Spike Lee;

sur le conflit irlandais on regardera Michael Collins pour un point de vue nationaliste, et Le vent se lève de Ken Loach pour un point de vue républicain;

sur l'extrême-gauche en générale et la LCR en particulier, on verra Mourir à 30 ans de Romain Goupil, un ex-camarade.

Enfin regroupons ici pour terminer quelques autres fictions sur divers thèmes : Capitaines d'avril de Maria de Medeiros à propos de la Révolution des Œillets au Portugal; Little Big Man et Soldat Bleu à propos du génocide indien durant la conquête de l'Ouest; Z et Missing de Costa-Gavras l'un sur le putsch en Grèce, l'autre sur le putsch au Chili …

Cette liste est évidement non exhaustive, comme pour les romans vos conseils sont les bienvenus.

lundi 21 mai 2012

La bibliothèque de Lutte Ouvrière


Lutte Ouvrière c'est un peu le cousin fatigant de la famille. Celui qui n'a jamais baisé mais qui a un avis sur tout et qui a toujours raison. Les camarades de LO, ils ont toujours raisons. Impossible de leur faire rentrer quelque chose dans la tête qui ne soit pas marxiste-léninismement pur.

Ils conservent encore un culte du secret qui fait sourire. Ils fonctionnent en effet en se nommant chacun par des pseudos, alors que leurs noms sont inscrit en préfecture dès la moindre manif déclarée ou lors de candidature aux élections. Ce culte nourrit seulement de nombreux fantasmes qui meublent de temps en temps les colonnes de la presse bourgeoise.

Cette presse bourgeoise, ou pour employer un terme un peu plus technique cette presse de merde, les appelle souvent les moines-soldats ou la secte LO. Terme hélas souvent repris par des militants de gauche qui n'ont pas fait d'effort pour se renseigner. D'ailleurs dire que LO est une secte est tellement galvaudé que des gens croient vraiment que c'est une secte religieuse qui avance masquée sous la forme d'un parti politique.

Non. Par secte, on peut entendre que LO suit une ligne idéologique et n'en varie pas d'un poil de la barbiche à Trotsky. Et cela fait envie à certains de nos curés rouges du NPA (ce n'est pas notre cas mais c'est sans doute parce qu'on est des branleurs). Plutôt que moines-soldats, nous les appellerons moines-copistes. C'est un peu le rôle qu'ils semblent se donner. Les héros révolutionnaires des âges glorieux ayant disparu durant les nuits du moyen-age stalinien, les militants de Lutte Ouvrière conservent et transmettent inlassablement les textes des grands anciens. Il est dit qu'un jour, un héros au visage multiple, celui-ci des travailleuses-travailleurs invoqué à chaque allocution des moines copistes, un héros donc reviendra sur Terre et nous libérera du capitalisme. Nous supputons que c'est à ce moment là seulement que de nombreux moines-copistes mettrons fin à leur vœux de chasteté.

On ricane, on ricane, mais ayons l'honnêteté de reconnaître que l'ensemble des militants de Lutte Ouvrière rencontré font tous preuve d'une grande culture et pas seulement politique. La fête de LO au château de Presle accueille des stands et des conférences sur des thèmes littéraires ou scientifiques. Et nous on dit bravo et on est à fond pour.

Il en est également ainsi de la formation politique des militants. Lutte Ouvrière conseille bien d'étudier des classiques du marxisme, certains facilement accessibles, d'autres plus ardus, mais l'idée géniale est de découvrir des grands thèmes politiques à travers des romans. Qui croirait que ces bolchéviques vintages sauraient joindre l'utile à l'agréable ?

Voici, après discussion avec des anciens militants de LO, la bibliographie - incomplète – suggérée pour une bonne culture politique et littéraire :

sur le marxisme illustré, on lira Le Talon de Fer de Jack London qui se voulait d'après son auteur une adaptation littéraire du Capital de Marx. Dédié à Lénine, préfacé dans certaines éditions par Trotsky , c'est très bien fait;

pour connaître la classe ouvrière lire les romans de Zola, ou plus près de nous L'établi de Robert Linhart ou encore Les 325 000 francs de Roger Vaillant à propos de l'aliénation à la machine;

toujours sur la classe ouvrière mais plus précisément celle plongée dans la crise de 1929 aux États-Unis, il faut évidement lire Les raisins de la colère de Steinbeck qui est un roman extraordinaire qui vous prendra aux tripes dès les premières pages;

pour connaître la mentalité de la bourgeoisie, lire les romans de Balzac;

sur la guerre de 14-18, on découvrira l'état d'esprit des soldats français en lisant Jules Matrat d'Exbrayat, celui des soldats allemands dans A l'ouest rien de nouveau d'E.M Remarque et celui des civils allemands dans Classe 22 d'Ernst Glaeser;

sur le stalinisme on nous conseille S'il est minuit dans le siècle de Victor Serge, auteur dont on a déjà parlé, ou Vie et destin de Vassili Grossman, celui là on ne l'a pas lu, mais on sait qu'il est épais;

à propos de la guerre d'Espagne on lira bien sûr Hommage à la Catalogne de George Orwell;

pour comprendre le système de la Shoah, lire l'excellent Treblinka de J.F Steiner qui explique les mécanismes de manipulations mentales employées pour envoyer les populations juives à l'abattoir sans qu'elles bronchent et les résistances à l'intérieur même des camps d'exterminations;

la guerre d'Algérie sera illustrée par Élise ou la vrai vie d'Etchereli ou La question d'Henri Alleg;

Black Boy de Richard Wright évoque la question des Noirs aux USA, tandis que Une saison blanche et sèche d'André Brink évoque l'apartheid en Afrique du Sud (il y a un article plus complet à ce propos sur ce site là);

enfin les révolutions et les militants révolutionnaires sont décrits dans des livres tels que Les Conquérants et La condition humaine de Malraux ( il s'agit de la Chine et de militants de la IIIème Internationale), Les 10 jours qui ébranlèrent le monde du journaliste américain John Reed, véritable reportage au jour le jour de la prise du pouvoir des bolchéviques en octobre 1917, Ma Vie l'autobiographie de Trotsky ou Mémoires d'un révolutionnaire de Victor Serge.

Tous ces romans ne sont certes que des fictions ou des récits, mais ils permettrons de découvrir des thèmes politiques et donnerons l'envie aux lecteurs d'approfondir ces sujets avec des ouvrages historiques ou théoriques plus complets.

Pour ceux qui voudraient mieux connaître Lutte Ouvrière, sans avoir à se farcir trois heures de leçons avec un de leur militant, nous vous conseillons de lire La véritable histoire de Lutte Ouvrière livre d'entretien entre Christophe Boursellier et Hardy, le chef ''secret'' de LO, ou le petit roman très sympathique de Thierry Jonquet Rouge c'est la vie.

Enfin, si on souscrit complétement à cette méthode de formation militante enrichissante, on pourrait aussi l'adapter avec le cinéma. Ce sera l'objet du prochain billet. D'ici là n'hésitez pas à nous suggérer d'autres œuvres.



mercredi 16 mai 2012

L'athéisme c'est cool n°2

par notre envoyé spécial au Portugal


Pour mémoire, recette pour de bons pochoirs :

Ingrédients :
- bristol rigide (250 g/m²) ou feuille en polypropylène (utilisée pour certaines chemises de bureau);
- gros cutter en métal;
- colle en aérosol;
- bombe de peinture.


Création du motif. Il y a une seule contrainte à respecter : aucune zone de blanc ne peut être totalement entourée de noir (le noir correspondant aux parties à découper). On ne peut pas par exemple tracer la lettre O telle quelle, mais seulement en entrecoupant le cercle noir par des languettes de blanc. Pour faire un pochoir à partir d'un dessin, il faut le modifier en suivant cette règle. Sur papier en utilisant du ''blanco" pour relier entre elles toutes les zones de blanc, ou sur ordinateur en utilisant l'outil "gomme" d'un logiciel graphique (voyez les cercles rouges sur la photo).
On peut aussi réaliser de très beaux pochoirs à partir de photos. Si vous avez un ordinateur et un logiciel de traitement d'image ou une photocopieuse, passez en noir et blanc, et augmentez fortement la luminosité et le contraste. Corrigez ensuite le résultat obtenu en appliquant la règle précédente.


Réalisation du gabarit. Utilisez de préférence une feuille PVC. Votre gabarit sera beaucoup plus durable que si vous le faites en carton. Collez-y le motif (de préférence à la bombe de colle). Découpez ensuite le tout au cutter sur une planche de travail pour ne pas saloper votre bureau ou votre table de cuisine, bande de bourrins. Découpez proprement jusqu'à avoir "vidé" toutes les parties noires (ou rouges).
Le pochoir est prêt à l'emploi.
Vous pouvez aussi réaliser sur le même principe des pochoirs polychromes, en faisant autant de gabarits qu'il y aura de couleurs correspondantes, et en les appliquant les unes après les autres sur le même support.

Peinture. On utilise en général des bombes aérosol. Variante : au petit rouleau en mousse et à l'acrylique (ça donne de très beaux résultats).

(d'après Guérilla Kit de Morjane Baba, La Découverte, 2003)

jeudi 10 mai 2012

Lettre envoyée à l'ambassade d'Iran


Précisons, s'il en était besoin, que la lettre qui suit a réellement été envoyée la semaine dernière à l'ambassade de la République Islamique d'Iran à Paris. Nous sommes toujours dans l'attente d'une réponse, qui tarde un peu à venir...


Monsieur l'Ambassadeur,

La République Islamique d'Iran est un nouveau mécène international pour le cinéma et les petits artistes indépendants, et nous vous en félicitons.

Nous avons en effet appris que votre gouvernement avait subventionné le dernier film d'un comédien français, Dieudonné M'bala M'bala, intitulé L'antisémite. Il ne s'agit pas ici pour nous de discuter de tel ou tel goût artistique, ils sont tous dans la nature comme on dit. La République Islamique d'Iran est souveraine dans ses choix cinématographiques.

Constatant que votre pays encourage les jeunes réalisateurs débutants, nous saisissons la balle au bond pour vous présenter un nouveau projet.

Permettez-nous d'abord de nous présenter. Nous sommes deux jeunes militants politiques au Nouveau Parti Anticapitaliste en France. Au sein de ce parti, nous animons un courant dynamique, plein de fraîcheur et d'imagination : le Courant Anarcho-droitier. Ce courant rencontre un succès grandissant. Certains disent même qu'il aurait inspiré des clips de campagnes du candidat Philippe Poutou aux récentes élections présidentielles françaises. Comme quoi, nous ne sommes pas tout à fait béotiens dans le monde du cinéma.

Il serait justement question de ces élections. Nous souhaiterions vous soumettre un projet de long métrage retraçant l'histoire du NPA depuis son congrès fondateur jusqu'aux résultats du premier tour des présidentielles, nous appellerions ce film : L'anticapitaliste.

Nous pensions le réaliser sous forme de comédie musicale, la bande originale a déjà été sélectionnée. Vous la trouverez sur notre blog. Le casting dépendra de votre subvention mais que pensez-vous de Jean-Pierre Daroussin pour le rôle de Philippe Poutou ? Et ne croyez-vous pas que Gérard Darmon ferait un bon Alain Krivine ? Myriam Martin naturellement jouerait son propre rôle car vous serez d'accord avec nous qu'aucune autre femme sur terre ne pourrait jouer avec une aura similaire.

Le film se déroulerait du point de vue de deux jeunes sympathiques militants bourrés d'humour et de charme. Tenant à conserver un caractère professionnel à ce film, nous nous refusons à tenter de jouer nous-même ces rôles. Christian Bale et Sam Worthington pourraient peut-être convenir si toutefois ils savent porter avec élégance un Harrington.

Concernant notre proximité idéologique avec le régime politique de votre belle nation, nous devons vous avouer qu'elle n'est pas très grande, bien que l'un de nous ait eu l'occasion assez récemment de goûter aux gazs lacrymogènes et aux semelles cloutées de l'armée israélienne, lesquelles lui ont laissé un goût un peu amer. Cela dit, nous sommes assurés que votre amour de l'Art saura passer au-dessus au dessus des menues divergences qui existent entre vous et nous quant à la nature satanique de la religion juive et de tous ses pratiquants.

Dans l'attente d'une réponse que nous espérons positive, nous vous prions d'agréer nos salutations respectueuses.

Le Courant Anarcho-droitier